Nos secrets jamais, Cyril Herry. Le Seuil, 02/2020. 230 p. 18 € ***

         La grand-mère d'Elona vient de mourir, la laissant héritière d'une maison en pleine campagne. Elle ne l'a jamais connue, de même qu'elle sait fort peu de choses sur sa mère, peu aimante et aujourd'hui décédée. Elle s'installe dans la maison pleine d'objets du passé, et entreprend d'interroger tous ceux qui seraient susceptibles de l'éclairer sur cette brouille familiale et pourraient combler les vides de son propre passé.

         Elona est une jeune femme un peu farouche mais déterminée. Elle se bat contre des fantômes – celui de sa mère si distante, celui de cette famille qu'elle découvre, celui de son alcoolisme, celui de son manque d'estime d'elle-même. Mais elle est têtue et courageuse et, à fouiller dans la boue des souvenirs et les non-dits des secrets familiaux, elle parvient à trouver des réponses. Inattendues parfois aussi, au point, dans la dernière partie du roman, à susciter une interrogation chez le lecteur : j'avoue ne pas avoir compris le lien qui l'unit à la châtelaine, ou alors je n'ai pas prêté attention à certains indices. J'ai refermé le livre avec l'impression désagréable d'avoir raté un épisode, et c'est dommage : l'auteur peint bien la vie dans un de ces villages un peu reculés, la méfiance envers l'étranger, et le café, celui qui résiste à la fermeture, qui accueille les âmes esseulées. "Héritage" – à prendre au sens propre comme au sens métaphorique – aurait d'ailleurs bien convenu comme titre à ce récit qui interroge sur la transmission et les liens familiaux.

 

Catégorie : Romans noirs

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