Le paradoxe d'Anderson, Pascal Manoukian. Le Seuil, 08/2018. 295 p. 19 €. *****
Aline est ouvrière dans une fabrique de textiles, Christophe dans une usine de verre. Victime de la délocalisation des deux entreprises, le couple est licencié. Avec les crédits en cours, c'est le début du surendettement, et des fins de mois plus que difficiles. Pendant ce temps, Léa prépare son bac, section économie et social. Hors de question pour ses parents de l'inquiéter, ainsi que son petit frère. Christophe fait des remplacements de nuit, se rend aux piquets de grève en prétendant se renseigner pour la construction d'une piscine, tandis qu'Aline s'échine à suivre une formation de vendeuse à domicile…
Le paradoxe d'Anderson c'est le fait que l'acquisition par un étudiant d'un diplôme supérieur à celui de son père ne lui assure pas, nécessairement, une position sociale plus élevée, dixit Wikipédia. Dixit aussi Léa devant sa mère qui vient tout juste d'apprendre son licenciement. Pour une fille de communiste militant, la chose est incompréhensible. D'abord hébétés, les deux parents vont à leur tout se révolter : les "sans dents", ainsi que les surnommait si malheureusement François Hollande, décident de réagir face à l'injustice qui les touche, eux et bien d'autres de leurs camarades, tout en continuant à maintenir leurs enfants dans l'ignorance de leur situation. Leurs exploits sont narrés avec humour mais n'excluent pas la tragédie qu'ils traversent. Ce roman cruel, drôle parfois, met le doigt sur la triste réalité du chômage et des espoirs anéantis.
Catégorie : Romans noirs
chômage / famille / pauvreté / grève /
Posté le 15/07/2019 à 16:45