Le cœur battant du monde, Sébastien Spitzer. Albin Michel, 08/2019. 441 p. 21,90 € ****
Londres, deuxième moitié du 19ème siècle. Le Maure, qui n'est autre que Karl Marx himself, vivote en écrivant articles et pamphlets avec sa femme et ses filles, entretenu par Engels qui dirige une usine de traitement du coton. Engels confie l'enfant que Marx a conçu hors mariage à Charlotte, une jeune Irlandaise qui a fui la famine de son pays et vit de ses charmes. Le jeune garçon, appelé Freddy, grandit…
Il y a quelque chose du mouvement réaliste dans ce long récit qui ne cache rien des misères de cette Angleterre industrieuse et de la misère de la classe ouvrière ; quelque chose de balzacien aussi dans le personnage de Freddy qui rêve d'espace et de revanche sociale. Sébastien Spitzer nous offre un récit croisé entre les deux célèbres figures du marxisme et des représentants du petit peuple, qui se rencontrent sporadiquement, sans jamais vraiment se connaître : les premiers théorisent, tandis que les deuxièmes essaient de survivre. Le résultat, dense, remarquablement documenté, se lit avec plaisir, d'autant que la plume est élégante, avec des trouvailles délicieuses : "Le ténor annonce un quadrille qui fait se fendre la salle, comme les eaux de la mer Rouge. Le Maure prend un air de Moïse et la main de sa fille aînée, Jennychen, déguisée pour l'occasion en nymphe Ophélie." (p.353). Mais il manque au roman ce petit souffle qui m'aurait emportée dans l'histoire, on a l'impression que l'auteur a pris une sorte de distance avec ses personnages pour lesquels on peine à avoir de l'empathie.
Roman lu dans le cadre des "68 premières fois".
Catégorie : Romans historiques
Angleterre / 19ème siècle /
Posté le 01/11/2019 à 18:54