L'échange des princesses, Chantal Thomas. Le Seuil, 08/2013. 329 p. 20 €
Septembre 1721. Philippe d'Orléans est Régent de France. Afin d'assoir le pouvoir du pays et de consolider les liens avec l'Espagne, il a une idée de génie : unir le roi Louis XV, âgé de 11 ans, à la toute jeune infante d'Espagne Anna Victoria – elle n'a que 4 ans -, en échange de quoi il propose de donner sa propre fille, Louise Elisabeth de Montpensier, 12 ans, en mariage au Prince des Asturies, héritier du trône, qui a 15 ans. Quelques mois plus tard, chacune des princesses quitte sa cour pour se rendre à celle de son promis, et se croisent à la frontière sur la rivière de la Bidassoa. Anna Victoria, malgré son très jeune âge, est accueillie en grande pompe et, si son mariage n'est pour l'heure qu'une promesse, puisqu'il faut attendre qu'elle ait 13 ans pour la marier, elle n'en est pas moins traitée comme une future reine. Les courtisans jouent à la poupée et rivalisent de cadeaux pour elle, qui n'a d'yeux que pour Louis XV au visage si beau, lequel n'a que faire de cette petite fille bien encombrante. Pendant ce temps, à la cour d'Espagne, Louise Elisabeth fait subir à tous son caractère difficile et ses lubies, refusant de se plier au jeu des convenances et de paraître aux bals, tandis que son promis n'est intéressé que par la chasse…
Roman historique donc, émaillé par les nombreux extraits de correspondance échangés entre les princesses et leurs parents. Si on fait abstraction de la difficulté à identifier les personnages, qui sont tour à tour nommés par leur nom, leur surnom ou leur fonction, le récit nous emmène dans une fresque de quelques années de la cour à la fin du 18ème siècle, avec ses intrigues et ses arrangements – les deux princesses ne sont rien moins que vendues au profit d'enjeux politiques qu'elles ignorent -, avec ses ornements, ses fastes, et sa cruauté : on ne peut que s'émouvoir de l'indifférence du roi et de la reine d'Espagne pour leur petite Anna Victoria, mais aussi pour leur fils qui, héritier du trône, quémande jusqu'à l'humiliation un baiser de sa mère, qu'elle ne lui donnera jamais ; le sort réservé aux deux promises, pauvres ignorantes sacrifiées à l'autel des intérêts politiques, n'en est pas moins impitoyable, quand la cour se désintéresse d'elles tout aussi rapidement qu'elle les a portées aux nues.
Catégorie : Romans historiques
18ème siècle /
Posté le 07/08/2017 à 16:31