Les simples, Yannick Grannec. Anne Carrière, 08/2019. 440 p. *****

         Provence, 1584.  A l'abbaye de Notre-Dame-du-Loup, les religieuses vouent leurs corps et leurs âmes à Dieu, et parfois aux hommes en entretenant un hôpital et en vendant des décoctions et des crèmes fabriquées à base de simples par la doyenne sœur Clémence, et dont l'efficacité est connue dans toute la région. L'endroit, mené d'une main de fer par la mère abbesse Marie-Vérane, doit également sa prospérité à une exception royale qui lui octroie une certaine indépendance. Mais l'évêque Jean de Soline espère bien faire revenir l'abbaye sous domination de l'Eglise et se met à œuvrer en ce sens. Les conséquences vont très vite le dépasser.

         Manipulations et coups bas au cœur d'un 16^ème siècle encore en proie aux superstitions. A l'époque, il est fréquent, et reconnu comme normal de mourir en couche, de perdre plus de la moitié de ses enfants, et de voir dans le malheur des hommes la main de Dieu. "In manu Dei sunt", ne cesse-t-on de répéter quand le sort semble s'acharner contre vous. Sœur Clémence, secondée par ses apprenties, a le pouvoir, grâce à ses connaissances des simples et ses notions d'anatomie humaine, de lutter contre cette fatalité-là. Elle paiera cher ses compétences à cause des dignitaires de l'Eglise qui n'ont, quant à eux, que faire des indigents et des malheureux soignés à l'hôpital. Par ailleurs Yannick Grannec nous donne à voir, dans ce récit amplement documenté, les conditions de vie drastiques et l'hygiène déplorable qui règnent dans l'abbaye où l'on ne craint pas de châtier à coups de fouet les religieuses rebelles. C'est une époque cruelle que l'on pénètre, où la vie d'un homme ne vaut pas bien cher, surtout quand on le soumet à la question et que pouvoir et argent sont en jeu.

Catégorie : Romans historiques

16^ème siècle / religion / hérésie / superstition /