Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent, Alexandre Alévêque. Sable Polaire, 05/2019. 122 p. 15 € *****
2009. Violette a récupéré une cassette audio que l'antique lecteur refuse de lire. Sur la bande, un héritage douloureux qu'elle s'empêche d'écouter depuis vingt-sept ans. En 1982, Violette avait 10 ans et vivait avec ses parents, jusqu'à ce qu'un jour son père soit victime d'un étrange malaise puis de maux de tête terribles qui ont entraîné son hospitalisation. On a éloigné la fillette pour la "préserver" ; on pensait bien faire, on lui a volé la mort de son père. Devenue adulte, Violette souffre encore de n'avoir pas pu lui dire au revoir.
Un beau récit sur le deuil qui n'a pas plu s'accomplir. La narratrice en est parfaitement lucide, qui dit que si sa famille avait préféré France Inter à Europe 1, Dolto à Pierre Bellemare, elle aurait pu faire ses adieux et entamer son travail de deuil. Cet éloignement et cette dissimulation, s'ils nous semblent monstrueux aujourd'hui, étaient de mise à l'époque, entraînant à l'âge adulte le traumatisme qu'on imagine. Jusqu'à la libération salvatrice, quand on parvient à faire la paix avec ses fantômes. En plus de sa vertu cathartique, ce roman nous tient par une nostalgie distillée à petites touches, qui ne peut que toucher les lecteurs qui ont dépassé les 45 ans : il ressuscite à merveille toute une époque, le Nesquik, Michael Jackson et les premiers vidéoclips, le brushing impeccable d'Eddy Mitchell et La dernière séance – j'avais à peu près l'âge de Violette en 1982, j'ai frissonné sur Thriller et dansé sur des chansons de Kajagoogoo.
Roman lu dans le cadre des 68 premières fois
Catégorie : Littérature française
famille / deuil / mort / années 80 /
Posté le 26/01/2020 à 12:01