Une joie féroce, Sorj Chalandon. Grasset, 09/2019. 312 p. 20,90 € *****

Jeanne a 39 ans et apprend qu'elle a un cancer du sein. Elle entame seule les traitements, tandis que son mari est aux abonnés absents, effaré à l'idée que Jeanne devienne chauve. La voilà seule pour affronter le K. Au cours d'une séance de chimio, elle fait la rencontre de trois femmes, Assia, Brigitte et Melody. Seule la première n'est pas malade, mais épaule sa compagne Brigitte. Les trois femmes, qui sont comme Jeanne en mal d'enfant, l'accueillent dans l'appartement qu'elles partagent et lui apportent le soutien et la drôlerie dont elle a besoin. Elles finissent par lui faire une proposition absolument rocambolesque, puisqu'après tout elles n'ont rien à perdre...

La première partie du roman narre le parcours de Jeanne à l'hôpital, les séances de chimio, l'indifférence atroce de son mari. On pourrait se sentir embarqué dans un récit sur la maladie et ses conséquences, entre effets secondaires et modifications du quotidien. Mais l'arrivée de Brigitte, de sa gentillesse et de sa joie de vivre nous épargne le pathos et fait glisser le roman dans une saga féminine qui n'est pas sans rappeler Thelma et Louise. Ou comment des femmes "ordinaires" – il n'y a rien de péjoratif dans l'adjectif – deviennent capables d'extraordinaire. Comme les deux héroïnes de Ridley Scott, ces quatre femmes sont prêtes à tout puisqu'elles n'ont plus rien à perdre, elles sont allées trop loin pour faire demi-tour. Comme elles, elles vont sombrer dans l'illégalité, et cela les effraie tout autant que cela les galvanise. On éprouve donc beaucoup de sympathie pour ces personnages, même si l'histoire prend un tour qui n'est pas toujours crédible. Peu importe, on se laisse emporter par la joie féroce de la transgression.

 

Catégorie : Littérature française

maladie / amitié /


Posté le 26/01/2020 à 11:21