La mer à l'envers, Marie Darieussecq. P.O.L., 08/2019. 247 p. 18,50 € ****
Rose, psychologue, part faire une croisière avec ses deux enfants, Emma et Gabriel. Un soir, une centaine de migrants nigériens sont pris en charge par l'équipage. Rose décide d'aider et fait la connaissance de Younès à qui elle donne, sur une impulsion, le téléphone portable de son fils, lequel passe le reste de la traversée à le chercher désespérément. Younès suit ses compagnons d'infortune tandis que Rose et ses enfants rentrent à Paris avant de s'installer à Clèves, dans le pays basque, avec leur mari et père. Rose s'y installe comme thérapeute mais n'oublie pas Younès, lequel se manifeste en utilisant le téléphone de Gabriel.
Curieuse femme que cette Rose, qui agit impulsivement, et semble douée d'un don particulier qu'elle va vraiment exploiter quand elle va s'installer à Clèves. Elle éprouve pour Younès un mélange d'attirance et de dégoût, et une probable culpabilité. Elle est censée le retrouver à Paris, et se contente de le suivre dans les rues sans se manifester ; elle est prête ensuite à traverser la France pour le récupérer à Calais, et le ramener chez elle où il va passer plusieurs mois, sans d'ailleurs que son mari ne trouve grand-chose à en dire. Que cherche-t-elle à réparer ? Marie Darieussecq ne donne pas de réponse, mais à travers son personnage elle dit très justement ce sentiment d'impuissance et de honte mêlées qui peut nous prendre, à voir ces images terrifiantes d'embarcations remplies jusqu'à la limite de la submersion par des centaines de migrants dont une partie ne verra jamais l'Eldorado convoité. Un Eldorado dont nous, spectateurs, savons trop bien de quel mirage il relève. Rose, elle, a agi.
Catégorie : Littérature française
famille / migrant /
Posté le 26/01/2020 à 11:11