Après la fête, Lola Nicolle. Les Escales, 08/2019. 152 p. 17,90 € ***
Raphaëlle et Antoine se sont connus pendant leurs études. Ils se sont aimés, disputés, séparés, retrouvés. Finalement, l'entrée dans la vie active scelle la fin de leur relation, quand Raphaëlle trouve un emploi tandis qu'Antoine multiplie les lettres de motivation et les entretiens de recrutement.
Ils ont vécu ensemble comme on fait la fête, avec cette insouciance qui fait oublier les lendemains. Sauf que ceux-ci ne chantent pas toujours : au réveil, on est abruti, sonné, et la réalité vous revient en pleine face. Lola Nicolle raconte tout cela, de façon un peu déconstruite, suivant un fil narratif non linéaire, au risque de perdre son lecteur. Elle dit les enthousiasmes, les déceptions, les espoirs, les tensions que peut connaître un couple confronté à la réalité du chômage de cette génération née dans les années 80. C'est un récit sensible, avec des passages un peu désenchantés mais d'une justesse absolue sur le monde qui change, et pas forcément en bien. Je pense par exemple à ce que l'auteur écrit sur les centres villes désertés par les habitants, dont une partie des appartements est dévolue à la location saisonnière : "Bientôt les grandes villes européennes ressembleraient à des halls d'aéroport. Le chant des valises à roulettes résonnant chaque matin, chaque soir, dans les rues bien endormies des capitales." Une sorte d'effilochage du monde, et des sentiments. Pour ne pas y succomber, il vaut mieux prendre la fuite.
Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"
Catégorie : Littérature française
couple / désillusion / rupture / ville / chômage /
Posté le 26/01/2020 à 11:07