Une bête au paradis, Cécile Coulon. L'Iconoclaste, 08/2019. 346 p. 18 € ****
Le Paradis, c'est une ferme isolée tenue d'une main de fer par Emilienne, secondée par Louis, le commis, qu'elle a embauché pour le protéger de la violence de son père. Elle a la charge de ses deux petits enfants, Blanche et Gabriel, qui ont perdu leurs parents dans un accident de voiture. Blanche rencontre Alexandre à l'école. Leur amitié se transforme progressivement mais sûrement en un amour d'une évidence et d'une force qui rend Louis malheureux et jaloux. Jusqu'à ce qu'Alexandre décide de quitter le village pour faire des études de commerce, laissant une Blanche désespérée, incapable qu'elle est de quitter sa terre.
Désespérée, abattue, Blanche s'enferme dans sa chambre après le départ d'Alexandre. Cécile Coulon ne nous épargne rien du désespoir absolu qui va toucher par deux fois la jeune femme, qui lui fait refuser toute nourriture et manger des araignées. Cette Blanche-là est entière et pure, entièrement dévouée au Paradis et à son amour pour le traître Alexandre ; si elle a pardonné la première trahison d'Alexandre, elle ne pourra passer outre la deuxième, et s'empêcher d'ourdir sa vengeance. Mais nul soulagement là-dedans : Blanche reste sur sa terre qu'elle a sauvée de la convoitise des promoteurs immobiliers, y trouvant la consolation de continuer de l'entretenir. C'est sa terre qui la tient, tandis que Gabriel connaît quant à lui un bonheur qui lui restera toujours étranger. Dans le récit de Cécile Coulon il y a la violence des hommes et celle de la nature, et une sorte de fatalisme contre lequel on ne peut pas davantage lutter que contre l'éternel retour des saisons, la froidure de l'hiver et les enfants des autres qui naîtront.
Catégorie : Littérature française
campagne / amour / trahison /
Posté le 01/11/2019 à 18:53