Comme elle l'imagine, Stéphanie Dupays. Mercure de France, 02/2019. 157 p. 16 € ****
Laure a rencontré Vincent via les réseaux sociaux. Ils sont devenus rapidement complices et conversent quotidiennement par SMS. Et voilà Laure amoureuse d'un homme qu'elle pense bien connaître mais qu'elle n'a encore jamais rencontré. Il occupe ses pensées en permanence ; il suffit qu'il ne réponde pas immédiatement à un de ses messages pour qu'elle soit en proie aux pires inquiétudes. L'imagination lui fait vivre des fantasmes qu'elle espère bien pouvoir réaliser lorsqu'ils prévoient enfin de se rencontrer.
A travers le personnage de Laure, c'est le sentiment amoureux version 2.0, c'est Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes revu à l'aulne des réseaux sociaux et des smartphones. Le récit montre parfaitement l'enfermement de l'être amoureux, dont l'aliénation est rendue encore plus forte à cause du smartphone. L'amoureuse écrit, beaucoup – n'oublions pas que ce couple virtuel appartient aux classes intellectuelles et possède une grande culture littéraire et cinématographique -, attend une réponse que la technologie pourrait rendre immédiate, se désespère du silence ; elle est disponible, en permanence. Il y a ici une double dépendance, à la communication et à l'être aimé. On ne peut s'empêcher de la plaindre un peu, Laure, tout en craignant secrètement de vivre semblable histoire.
Catégorie : Littérature française
passion / Internet / solitude
Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"
Posté le 15/07/2019 à 16:48