2023/10 Au revers de la nuit, Cécile Balavoine. Mercure de France, 12/2022. 261 p. 21 € ****
Etats-Unis, fin 1996. La narratrice, enseignante de français dans le Minnesota, rencontre un jeune homme dans un train. Il s'appelle Sasha, il est vêtu avec une élégance surannée et ambitionne d'ouvrir un café à New York. Lorsque Cécile se rend dans la capitale, les deux jeunes gens se revoient et nouent une relation. Ils profitent de la vie new-yorkaise bouillonnante, avant que Cécile ne rentre en France et le perde de vue. Vingt ans plus tard, elle apprend que Sasha est devenu un célèbre bar tender, réputé pour respecter strictement les recettes originales du temps de la Prohibition. Un roman autobiographique qui rend hommage à un amour de jeunesse.
Après s’être livrée dans son précédent roman consacré à sa relation ambiguë avec le professeur et critique littéraire Serge Doubrovsky, Cécile Balavoine continue d’exploiter la veine de l’autofiction pour mettre en scène ce jeune homme particulier, un peu démodé, qui a confessé son amour pour elle sans qu’elle n’y réponde. A l’heure où elle aime de façon un peu vaine un chef d’orchestre marié qu’elle ne voit que deux fois l’an, et qui certes l’aime en retour mais ne quittera jamais son épouse, elle comprend qu’elle est passée à côté de Sasha et de ses sentiments. Un peu tard mais tant pis, elle rend hommage à ce personnage décalé, dandy et gentleman, bien connu des nuits new-yorkaises où il œuvrait dans des bars cachés, en même temps qu’elle célèbre la « ville qui ne dort jamais », et l’art de réaliser des cocktails – qu’on appelle désormais mixologie, un terme que Sacha n’aimait pas. Revenir là, plus de vingt ans après, retrouver ceux qui l’ont fréquenté, c’est côtoyer la nostalgie, constater que sa jeunesse s’est enfuie. Ce troisième roman inspiré par la propre vie de l’auteur est sans doute plus mélancolique, avec le regret de ce qui aurait pu être, et le deuil de la jeunesse.
Catégorie : Littérature française
Posté le 15/03/2023 à 17:37