2022/96 Dessous les roses, Olivier Adam. Flammarion, 08/2022. 248 p. 21 € ****
Le père de Claire, Paul et Antoine vient de mourir. Ils retrouvent leur mère dans le pavillon familial pour les funérailles. C'est le moment de régler ses comptes, notamment pour Paul, cinéaste, qui a coupé les ponts avec sa famille. En effet, on lui reprochait de s'inspirer d’événements vécus pour et de détourner la réalité pour en faire un matériau exploitable dans ses films. Antoine nourrit de solides griefs contre son frère, l’accusant d’égoïsme et d’insensibilité. Claire, elle, est plus tolérante. Le frère et la sœur prennent la parole tour à tour pour relater ces trois jours de huis clos familial où chacun règle ses comptes, entre malentendus et tendresse.
A travers ce règlement de comptes fraternel, c’est aussi l’histoire de chacun qui se dessine. Celle d’Antoine, dont la compagne est enceinte, et qui ne sait pas s’il a envie de partager sa vie avec elle, et jaloux de son frère aîné ; celle de Claire, cadre infirmière dévouée à ses enfants, qui décide de quitter son mari, profondément éprise d’un autre homme, lui aussi marié : celle de Paul enfin, le cadet, le sensible, devenu dur dans un milieu de requins où la compétition fait rage et la pression est immense, qui a subi l’ire d’un père qui n’acceptait pas son homosexualité. Si ces trois-là sont réunis, c’est bien parce que le chef de famille n’est plus là. Dans l’ombre d’une mère assez transparente, ils échangent sur leurs conceptions de la vie, leurs visions de la société, et semblent même parfois trouver temporairement un terrain d’entente, en buvant un verre de vin ou en regardant les albums photo. A travers leurs échanges, c’est toute la question de l’éducation reçue, forcément différente selon la place qu’on a occupée dans la fratrie, celle des souvenirs réels ou fabriqués, et celle du déterminisme social que dénonce Paul dans ses films, se vantant d’être un « transfuge de classe » alors qu’il ne vient pas des banlieues qu’il met en scène et n’a pas vécu l’enfant maltraitée qu’il prétend.
En corollaire, d’autres personnages gravitent autour de la fratrie, l’aînée de Claire militante à la Greta Thunberg mais incapable de se mêler des tâches domestiques, ou Stéphane, le mari de Claire, cadre commercial incarnant la beaufitude absolue. Une tragicomédie en trois actes au dénouement un peu factice – le roman aurait pu s’arrêter juste avant, comme semblait l’indiquer « FIN ».
Catégorie : Littérature française
famille / fratrie / jalousie / égocentrisme / souvenirs / éducation /
Posté le 19/10/2022 à 17:28