La fille qu'on appelle, Tanguy Viel. Minuit, 09/2021. 174 p. 16 € ****
Laura, 20 ans, ancien mannequin, est face à deux policiers auxquels elle raconte son histoire. Elle a décidé de revenir vivre avec son père. Celui-ci, Max Le Corre, un ancien boxeur qui après une passe difficile a repris les combats, est le chauffeur de Quentin Le Bars, maire de la ville. Max se tourne alors vers son patron pour lui demander de recevoir sa fille. C'est alors que les mâchoires du piège vont se refermer sur la jeune femme et sur son père…
Dans ce roman aux thématiques sociales, Tanguy Viel met en scène, de façon assez visuelle, les rapports de domination qui s'exercent dans deux relations : entre Max et son patron, et entre Laura et le Bars. Le Bars est un dominateur, un homme de pouvoir, qui use d'une véritable emprise de laquelle la jeune femme ne parvient pas à se défaire. Elle n'a pas envie, mais elle répond à l'impérieux désir du mâle dominant. C'est toute la délicate question du consentement, cette fameuse zone grise entre refus et résignation, où le refus n'est pas clairement dit. Le roman prend véritablement un tour social avec l'apparition du personnage du directeur de casino, véritable maffioso, qui recrute des serveuses dont on imagine très bien que leur travail ne se limite pas au bar. Entre ces deux hommes d'influence, il y a de ces petits arrangements avec la morale et la loi, au sein de réseaux d'affaires qui se tissent à coups de renvois d'ascenseur et de "services" réciproques. Des réseaux puissants, surtout quand se mêle la politique : dans ce combat de David contre Goliath, on devine sans peine qui va en sortir gagnant. Un dénouement un peu attendu d'un roman qui par ailleurs aborde avec finesse la relation père-fille et surtout la question du corps, qui vient en contrepoint du discours social : le corps du sportif, musclé, surentraîné ; le corps des jeunes femmes dont on ne voit que ça justement, la perfection ; et le corps de l'homo politicus, un peu empâté sous le costume, ni beau ni moche, mais un corps de pouvoir et de représentation.
Catégorie : Littérature française
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/ pouvoir / consentement / vengeance / politique / mœurs /
Posté le 21/10/2021 à 17:33