Seule en sa demeure, Cécile Coulon. L'Iconoclaste, 08/2021.334 p. 19 € *****
Quelque part dans le Jura, à la fin du 19ème siècle. Aimée épouse Candre Marchère, un riche propriétaire terrien, veuf d'un précédent mariage. Candre est plutôt attentionné, mais distant. Elle se sent seule, désœuvrée dans cette grande demeure environnée par la forêt d'Or et régentée par la servante Henria. Sa mélancolie apitoie son mari, qui lui propose de reprendre des cours de flûte qu'elle jouait enfant. Il fait appel à Emeline Lhéritier, professeure au Conservatoire de Genève, qui se rend dans la propriété une fois par semaine. Les deux femmes commencent à se lier, et Aimée reprend un peu goût à la vie, jusqu'au jour où Angelin, le fils d'Henria, provoque un accident.
Comme dans la plupart des romans de Cécile Coulon, la nature est un personnage à part entière. Ici, elle est incarnée par la forêt qui cerne la maison de toutes parts, foisonnante, sombre, impénétrable et, ne peut-on s'empêcher de se demander, probablement hostile. D'ailleurs, Aimée ne s'y aventure pas, et préfère restée cloîtrée dans une demeure où elle peine à trouver ses marques. Tout dans ce récit, d'ailleurs, concourt à rendre la vie difficile pour la jeune mariée, à commencer par son mari, personnage impénétrable et ambigu. Aimée est une sorte d'oie blanche dont les yeux et le corps vont s'ouvrir grâce à Emeline : il fallait bien ça, la complicité qui va rapidement unir les deux femmes, et la liberté que donne la musique, pour que le récit bascule et que tombent les masques… Si l'ambiance, gothique et sombre à souhait, est parfaitement soignée et efficace, les conséquences de l'enquête menée par Aimée puis par Emeline sur la mystérieuse première épouse sont relativement prévisibles. Mais ne boudons pas notre plaisir, le roman est prenant malgré tout et la plume de l'auteur toujours aussi juste, à la fois efficace et poétique.
Catégorie : Littérature française
forêt / 19ème siècle / famille / mariage /
Posté le 11/10/2021 à 16:06