Le dernier enfant, Philippe Besson. Julliard, 01/2021. 206 p. 19 € ***
Théo, le fils d'Anne-Marie et de Patrick, le petit dernier, s'apprête à quitter le nid familial, pour aller faire ses études dans la grande ville située à une trentaine de kilomètres de leur pavillon. Pour sa mère, c'est un véritable déchirement, bien plus que lors du départ des deux aînés, un bouleversement complet de sa vie. Le temps d'un déménagement et d'un emménagement, nous suivons les émotions contradictoires et la mélancolie de cette mère, et le deuil qu'elle va avoir à faire.
Il y a le dernier matin, au petit déjeuner ; les cartons que Théo n'a pas fini d'emballer ; le trajet dans le Kangoo bourré jusqu'à la gueule où, faute de place, la mère et le fils sont contraints de partager le siège passager, offrant à Anne-Marie le plaisir si rare de se blottir contre son petit – qui n'apprécie guère le contact - ; il y a la découverte du studio, et le déballage d'une partie des effets de Théo ; le déjeuner au diner. Enfin le retour, sans le fils. A chaque étape, Anne-Marie se remémore des instants de vie avec son fils, comme pour retenir celui qui s'en va, comme pour meubler le vide à venir, dont elle pressent l'immensité. Comment faire, quand le dernier enfant a fini par grandir et par prendre son envol ? Comment parvenir à se contenter des seuls week-ends où le fils viendra manger des repas équilibrés et laver son linge ? Quoi faire de ces heures devenues vacance, qu'il faudra apprendre à remplir ? Comment, de mère, redevient-on une femme ? Philippe Besson a su se glisser dans la peau d'une mère, avec sensibilité et justesse, sans avoir la prétention de répondre à ces questions.
Catégorie : Littérature française
famille
/ mère / enfant / émancipation / deuil /
Posté le 02/06/2021 à 13:36