Ce qu'il faut de nuit, Laurent Petitmangin. La Manufacture de livres, 08/2020. 188 p. 16,90 € *****

         Une petite ville de Lorraine. Le père, technicien à la SNCF, est un socialiste convaincu, qui continue de retrouver régulièrement ses camarades de la section, même si la foi a déserté les rangs. Il élève seul ses deux enfants depuis la mort de la môman : l'aîné, Fus, a préféré le foot à des études assez médiocres, tandis Gillou nourrit de plus grandes espérances. Les enfants grandissent, Fus se met à fréquenter des gars de l'extrême-droite, tandis que Gillou se prépare à des études à Sciences Po. Le père et le fils ne se parlent plus qu'à peine, tandis que le benjamin part étudier à Paris…

         Une vie modeste, simple, des copains, le bistrot, le foot du dimanche. Et les enfants qu'on élève seul, en faisant comme on peut, qui s'éloignent. Le deuxième, par la force des choses, l'éducation nécessaire, l'ascenseur social peut-être. Mais pour le premier, c'est plus compliqué. Les engagements politiques et idéologiques qui vont séparer le père du fils sont tels que, forcément, vient un moment où l'on ne peut plus accepter tout ça, quand la ligne rouge est franchie. A travers ce récit, tout en finesse et sensibilité, qui sonne comme une confession que ferait un type entre deux âges au coin d'un zinc à un auditeur qui serait nous, lecteur, sans s'épancher, sans auto apitoiement ni complaisance, se pose la question de l'amour entre un parent et son enfant : est-il, doit-il être aussi inconditionnel qu'on le croit ? A-t-on le droit de ne plus aimer son enfant ? De se sentir trahi ? A-t-on le droit de mépriser son père ? Et malgré tout, si l'important était d'aimer quand même, même trop, même mal ?

 

Catégorie : Littérature française

Lorraine / famille / extrême-droite / relation parent-enfant /


Posté le 22/01/2021 à 15:26