Elle a menti pour les ailes, Francesca Serra. Anne Carrière, 08/2020. 470 p. 21 € *****

         Ilarène, petite ville de Méditerranée, 2015-2016. Garance Sollogoub est élève de seconde, et prend des cours de danse dans l'école de sa mère, ancienne danseuse étoile. Une très jolie jeune fille, qui prépare la variation de Gamzatti avec sa meilleure amie Souad. Mais voilà qu'elle se rapproche d'un groupe d'élèves de terminale, des amis d'un certain Vincent Dagorn, dont elle est tombée amoureuse avant qu'il ne parte faire ses études à Grenoble. Elle est peu-à-peu intronisée dans le groupe, et découvre l'alcool, la drogue, la séduction et l'éveil à la sexualité, dans un climat où l'amitié n'exclut pas une forme de rivalité et de compétition. Elle se met à perdre pied, et un beau jour, elle disparaît.

         Francesca Serra prend son temps. Elle plante le décor – l'école de danse, la compétition entre les jeunes filles, la beauté de Garance, l'univers des ados 2.0 et leurs échanges sur les réseaux sociaux, leur cruauté et leurs enthousiasmes. Elle nous plonge dans l'univers des millenials à qui confisquer le portable équivaut à une mise au trou, et campe parfaitement différents personnages, entre les populaires qui fascinent les plus jeunes, et les mal aimés, gros, ou bons élèves, qui se réfugient au CDI. Les différentes parties du roman oscillent entre l'automne 2015 et l'été 2016, date de la disparition de Garance, et mettent en place, petit-à-petit, toutes les pièces de puzzle. L'écriture de Francesca Serra compose elle aussi une sorte de patchwork parfaitement réussi, entre les monologues intérieurs d'adolescents, les échanges sur Instagram ou Whatsapp d'une justesse confondante, et les passages narratifs. Elle a obtenu pour ce premier roman au titre intrigant le prix littéraire "Le Monde", amplement mérité.

 

Catégorie : Littérature française

adolescence / lycée / réseaux sociaux / influence / harcèlement /


Posté le 30/10/2020 à 17:50