Léa, Pascal Mercier. 10-18, 03/2012. 282 p. 7,50 €

        Le narrateur rencontre lors d'un séjour à Saint-Rémy-de-Provence Van Vliet, un homme désespéré qui lui raconte son histoire, qui fait douloureusement écho à la sienne. Veuf, il ne parvient pas à redonner la joie de vivre à sa fille Léa, qui n'a que 6 ans à la mort de sa mère. Un jour, la petite fille entend jouer du violon dans les couloirs du métro. Elle est fascinée par l'instrument, si bien que son père voit là un moyen de lui redonner goût à la vie. La petite prend des cours et s'avère très talentueuse : encouragée par son professeur et par son père, elle devient une excellente musicienne à force de travail acharné. Elle est ensuite prise en charge par un célèbre virtuose, qui lui ouvre les portes de la gloire. Mais celle que l'on surnomme "Mademoiselle Mozart" est passionnée et entière, au point de jalouser la nouvelle femme de son mentor et de rompre tout contact avec lui. Dévorée par sa passion, elle commence à manifester des troubles psychologiques qui inquiètent son père…

         Ce roman, publié en 2007 en Allemagne, est construit avec un enchâssement de récits : le narrateur transcrit les propos de Van Vliet en donnant des indices sur sa propre vie, qui fait écho à celle de son compagnon de voyage. Dans ce choix de construction, et dans la façon de mêler les deux histoires, il "sonne" très 19ème. On croirait lire Maupassant ou Daudet, d'autant plus que la langue est de facture très classique.

         L'auteur montre avec rigueur la folie dans laquelle Léa va peu à peu sombrer. On sait dès le début qu'elle est hospitalisée et que psychiatre a interdit à Van Vliet de revoir sa fille. Et pour cause : du père, qui va jusqu'à détourner des millions sur des contrats du laboratoire pharmaceutique pour lequel il travaille pour acheter un splendide violon de maître, ou de la fille qui vit, pense et respire par son instrument, on se demande qui est le plus fou. Et c'est sans doute cela qui dévore Van Vliet, et fascine le narrateur : par amour pour sa fille, n'a-t-il pas contribué à la conduire à la folie ?

 

 

Catégorie : Littérature étrangère

Allemagne / folie / musique / famille /

Posté le 18/07/2017 à 16:17