Le fleuve des rois, Taylor Brown / trad. de l'anglais. Albin Michel, 05/2021. 446 p. 22,90 € ****
Deux frères décident de descendre l'Altamaha River pour aller disperser les cendres de leur père, décédé un an plus tôt, dans l'embouchure du fleuve. L'aîné, Lawton, militaire de carrière, ne croit pas à la thèse de l'accident et veut trouver une autre explication à sa mort que le fait qu'il ait été embroché par un esturgeon. Hunter est plus circonspect, d'autant plus que ses études d'histoires ne l'ont pas préparé à ce périple dans un environnement parfois hostile et sur un fleuve qu'habitent alligators, poissons géants et de nombreuses légendes. Dont celle d'une créature mythique, énorme, que cherche à apercevoir Jacques Le Moyne, dessinateur et cartographe du Roi qui a fait partie de l'expédition française partie à la découverte du Nouveau Monde en 1564.
L'expédition est un fiasco, les hommes nouent des relations conflictuelles avec les Améridiens qui ne partagent pas leur goût du territoire, se battent contre les Espagnols et endurent la famine. Le Moyne dessine, effaré par la violence dont les hommes ont le secret. Le roman oscille entre le périple des deux frères et les mésaventures de Le Moyne, et laisse place, en contrepoint, à la jeunesse d'Hiram, le père alcoolique et violent de Lawton et Hunter, mouillé jusqu'au cou dans des trafics que ses fils découvrent au fil de leur progression. Pendant ce temps, le fleuve continue de couler, imperturbable et indifférent au destin de ceux qui le parcourent ; à travers ses méandres il est question du bien et du mal, de colonisation, de pollution, de fraternité, dans un récit somptueux où le sordide côtoie le mythe.
Catégorie : Littérature étrangère
Etats-Unis
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Posté le 03/08/2021 à 18:24