De si bons amis, Joyce Maynard / trad. de l'anglais. Philippe Rey, 01/2019. 328 p. 22 € ****
Helen McCabe, la quarantaine, a perdu la garde de son fils Oliver et pointe aux Alcooliques anonymes. Elle fait la rencontre d'Ava et Swift Havilland, couple richissime qui décide de l'aider. Elle travaille pour Ava en tant que photographe tandis que Swift parvient à faire venir son fils dont il s'occupe, au point qu'ils deviennent des membres de la famille. Mais les Havilland se révèlent progressivement moins altruistes qu'il n'y paraissait, voire intrusifs et manipulateurs. Le processus d'emprise est bien amené, notamment à travers les doutes qui traversent de temps à autre Helen, quand les Havilland ne cachent plus le mépris qu'ils nourrissent à l'égard d'Elliott, le seul homme qu'Helen a pu rencontrer et qui est amoureux d'elle. Personnage fragile, Helen ne pouvait que tomber sous la coupe de ces deux êtres qui se révèlent d'une cruauté sans égale, et il faudra un événement tragique pour qu'enfin leur victime ouvre les yeux et se révolte. Le phénomène est soudain, et m'a semblé un peu rapide, compte tenu de la mise en place de l'enfermement qui prend les trois quarts du roman. Il ne faut que quelques pages pour que les Havilland tombent de leur piédestal, après quoi Helen songe avec regret aux mises en garde d'Elliott – un peu tard.
Si le thème de la manipulation peut sembler rabattu, l'originalité réside dans le fait que les bourreaux soient deux, et qu'il s'agisse d'une emprise amicale, et non œuvrant au sein d'un couple. On pourrait penser qu'il soit plus facile pour la victime de s'en défaire, il n'en est rien : les Havilland deviennent les père et mère de substitution qu'Helen n'a jamais eus et dont elle a tant besoin, et ceux qui vont lui permettre de récupérer la garde de son fils. Une mécanique implacable parfaitement présentée.
Catégorie : Littérature étrangère
Etats-Unis / famille / amitié / manipulation / psychologie /
Posté le 23/02/2019 à 16:10