Les Premiers : une histoire des super-héros français. Xabi Molia. Le Seuil, 01/2017. 350 p. 19 €
Ils sont sept. Cinq hommes, deux femmes, qui se découvrent un jour de janvier le pouvoir de voler. Chacun d'être eux est par ailleurs doté d'un don particulier : métamorphose, hyper rapidité, invisibilité, divination, télépathie, hyper audition, hyper mnésie. Ils sont immédiatement repérés, médiatisés, et requis par le gouvernement qui va exploiter leurs dons en les entraînant avant de leur confier des missions militaires délicates. Ils ont également l'interdiction d'user de leurs facultés en dehors de leur travail. On suit donc l'histoire de ces sept personnages surnommés les 83 (parce que nés en 1983) dans leur vie privée, leurs projets, leurs déboires aussi, puisqu'il faut bien l'avouer, être un super héros n'est pas un gage de bonheur, loin s'en faut.
Le tout est raconté, plusieurs années après, par un narrateur dont on apprend qu'il est journaliste et mène une sorte d'enquête et recueille divers témoignages, des héros eux-mêmes ou de leurs proches.
Des super héros modernes, comme Superman, l'idée était intéressante, d'autant plus que le récit s'ancre dans un parti pris très réaliste : passé la première surprise – ces sept-là sont capables de voler à n'importe quelle altitude, en plus d'être tous hyper quelque chose – le fait est intégré, et surtout ces héros vont être bien utiles. Les voilà donc envoyés dans des assauts pour libérer des otages, ou dans des conflits… alors que rien ne les y destinait : Jean-Baptiste Fontane, le métamorphe, était bibliothécaire, Raphaël Zabreski, surnommé le Prophète, réceptionniste dans un hôtel. Tout cela est raconté par le journaliste avec une évidence qui tend à croire qu'embaucher dans l'armée des super héros dotés de pouvoirs surhumains est tout à fait normal. C'est sans doute cela, le ton sur lequel est racontée l'histoire, froid, factuel, qui rend la lecture finalement assez peu agréable. On suit la vie des "83" de façon un peu hachée et inéquitable, puisque certains d'entre eux sont mis entièrement de côté : par ailleurs gravitent autour des "83" de nombreux personnages secondaires, que l'on perd de vue aussitôt, qui donnent au récit un aspect très morcelé.
Le thème me faisait croire à un récit drôle et surprenant ; je n'ai trouvé que longueurs, distance et nulle empathie de la part du narrateur devant les échecs de ses personnages. Sans doute cette froideur était-elle intentionnelle, mais pour ma part j'ai fini par abandonner, page 244.
Catégorie : Anticipation
social / politique /
Posté le 10/03/2017 à 09:05