L'année de grâce, Kim Liggett / trad. de l'anglais. Casterman, 10/2020. 441 p. 19,90 € ****
A 16 ans, Tierney vit dans un monde patriarcal où les femmes sont complètement soumises à leur mari et répudiées si elles sont incapables de donner un fils à leur mari. Thierney a atteint l'âge fatidique où les jeunes filles sont considérées comme envoûtantes, charmeuses et dangereuses sont envoyées dans un camp sur une île où elles passeront un an, le temps que leur magie disparaisse. Elles devront se débrouiller pour survivre dans des conditions de vie rudimentaires. A l'issue de cette année, les survivantes devront se conformer aux lois du comté : elles épouseront celui qui les as choisie et si aucun homme ne veut d'elles elles iront travailler à l'extérieur de la ville. Forte des enseignements de son père, Tierney va lutter pour sa survie et celle des autres filles.
Des femmes choisies par les hommes, sans aucune maîtrise sur leur destinée ; une société autoritaire où tout abus est puni d'exécution en place publique ; des notions de plaisir et de distraction formellement interdites : le monde de Tierney semble issu des temps médiévaux les plus crépusculaires. Mais la jeune fille incarne la révolte, qui s'exprime dès le début du roman, lors de la cérémonie de la distribution des voiles, la veille du départ pour l'année de grâce : c'est un moment que toutes attendent avec impatience, sans rien savoir de l'identité de celui qui va jeter son dévolu sur l'une ou l'autre. Tierney, elle, ne veut pas de mari, et préfèrerait travailler dans l'une des maisons de labeur. C'est sa différence qui va la sauver, même si elle doit en passer par de nombreuses épreuves, à commencer par son bannissement de l'enceinte du camp retranché où le groupe va passer l'année complète, et par sa survie dans un monde hostile où règnent de féroces braconniers qui chassent et tuent toutes celles qui auront eu l'imprudence de sortir. Entière et généreuse, pleine de bravoure et sans rancune, c'est une cousine de Katniss, la jeune héroïne de Hunger Games. Les épreuves qu'endurent les jeunes filles pendant leur "année de grâce" ont beaucoup à voir avec celles que Suzanne Collins fait subir aux concurrents des jeux mortels de sa saga, tandis que la question du statut de la femme renvoie à La servante écarlate. Avec en sus la question de la féminité, cette magie qui fait tant peur aux hommes et dont il faut débarrasser les jeunes filles, de gré ou de force. Récit d'aventures, récit féministe et roman d'amour, l'histoire se lit sans peine et avec plaisir.
Catégorie : Anticipation
femme
/ féminité / tyrannie / misogynie / exil /
Posté le 02/06/2021 à 14:07