L'amour moderne

« Je préfère en rester là avec toi. Je tiens à ma liberté physique et spirituelle. Nous aurions été de parfaits amis. »

« Je ne peux pas répondre à ce que tu désires. Désolé. »

« Je ne suis pas la personne qu’il te faut. Il vaut mieux qu’on ne se voie plus. »

« Restons amis. »

Et cætera.


Clap de fin, qui vient sans crier gare, ou du moins le croit-on, lorsqu’on lit le message la première fois. Et puis, passé la sidération, les rouages se remettent en branle, l’analyse est en route, qui décortique, qui isole les éléments qui, mis bout à bout, annonçaient bien un tel dénouement.


L’erreur, c’est de répondre à chaud. S’excuser d’avoir demandé, critiqué peut-être, d’avoir été inquiet. L’écran reste vide. L’être aimé ne répond plus, raccroche au bout d’une sonnerie. Il a posé sa petite bombe et il est parti sans se retourner pour constater les dégâts.


Le silence comme seule réponse, insupportable. Implicitement, il dit le mépris, la négation de l’autre ainsi réduit au néant. C’est pour l’autre, pour le renégat, le banni, l’impossibilité de dire, de se justifier, de se faire justice. Le silence bâillonne et enferme dans l’impossibilité de clore une histoire dont on ne voulait pas voir qu’elle était condamnée à peine née, et dont malgré tout on aurait aimé profiter encore un peu.


Se faire quitter par texto, c’est moderne, mais ça fait mal.

Posté le 05/09/2022 à 17:13

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