Monologue intérieur
A partir du tableau de Hopper, New York Movie, écrire le monologue intérieur du personnage féminin en tenant compte de l'atmosphère du lieu. Chercher à transmettre les pensées, les émotions.
Il m’a
dit tu verras, ça va te plaire. Je l’ai déjà vu deux fois, ce film, et j’ai
pensé à toi. Cette héroïne exaltée, entière, et un peu sauvage, elle te
ressemble beaucoup. Exaltée, sauvage, tu parles. On ne voit décidément que ce
qu’on veut bien voir. Est-ce qu’il s’est déjà posé la question du
pourquoi ? Pourquoi je répugnais à le suivre dans toutes ces soirées, ces
cocktails mondains, ces vernissages ? Si je ne m’ennuyais pas à sourire, à
faire la potiche, quand il me laissait en plan pour aller rencontrer d’autres
gros bonnets et qu’il me laissait toute seule à siroter un champagne tiède ou
suivre une conversation languissante avec une autre femme de ? J’ai mal
aux pieds, je n’aurais pas dû porter ces chaussures toutes neuves dont les
talons s’enfoncent dans la moquette trop souple. Mais je n’ai pas envie de me
rassoir à côté de lui, de toute façon je n’aime pas ce film, l’actrice n’a de
sauvage que la crinière ébouriffée par le vent du désert. Je n’ai surtout pas
envie de reprendre cette comédie du tout va bien, de faire semblant de ne pas
voir le regard complice qu’il a échangé à notre arrivée avec cette femme assise
à la première galerie, une brune à la peau de velours et au sourire éclatant,
le genre de femme qui n’a jamais mal aux pieds, elle. Je suis sûre de l’avoir
déjà vue, j’essaie de me souvenir. Il doit se demander ce que je fais, ou alors
peut-être pas, et je me dis que ça l’arrange bien, que je me sois levée. Ca y
est, je me rappelle. Monsieur et Madame Saint Guérard, au gala du préfet. Sa
main qui a remonté l’étole sur son épaule dénudée et s’y est attardée. Une
seconde, pas plus. Il n’a pas vu que j’avais vu. J’ai envie de m’en aller, mais
je n’ose pas.
Posté le 25/07/2021 à 11:50