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L'atelier de Beevy :  Quelques textes de mes ateliers


Ne durent pas : 

le claquement des portes

les tanins dans la gorge

la confusion du buste déshabillé


Aujourd’hui n’ont pas duré : 

le battement des cils de l’enfant

le froissement de la page de journal

l’impact frais des pieds nus au sol


Pourtant

chaque matin

mon corps est toujours là

            tenace

il porte mes organes 

et les ordonne exactement.


Clémentine

Textes intégraux

Pour cette production finale, la proposition était d’écrire un texte avec pour incipit et excipit  ceux du livre jeunesse « Les choses qui s’en vont » de Béatrice Alemagna. L’éphéméride du jour était également à intégrer ainsi que le tram-poème et un ou plusieurs haïkus.


photo 1

Les liens


Dans la vie, beaucoup de choses s’en vont.

Elles se transforment, elles passent…

Un peu comme l’odeur du café qui accompagne le réveil

Un peu comme ce moment électrique, quand ta main prend la mienne

Un peu comme ces mots qui glissent sous mon crayon et sur le papier précieux.


Aujourd’hui, 26 mars 2022, je me suis levée tôt pour embrasser Aurélien qui partait à l’école. Éphémères ces deux bises ? Une posée sur chaque joue ?

Elles sont pourtant des liens visibles et invisibles…

Liens qui traversent et contiennent tout un espace, tout un monde…

Liens qu’on laisse aller, qu’on laisse voyager…pour sautiller.


Tout finalement passe, s’éloigne ou change. 

Mais une seule chose ne s’en va pas…

Ce qui nous lie à ceux qui comptent.


Myriam


couverture-les-choses-qui-s-en-vont-beatrice-alemagna


Dans la vie, beaucoup de choses s’en vont. Elles se transforment, elle passent : un courant d’air, un fou rire, la sieste d’après le déjeuner, une expiration… 

Aujourd’hui, 26 mars 2022, Sainte Larissa a ouvert la forteresse. Elle a laissé la lumière s’infiltrer à travers les volets. J’ouvre un œil et décide de me rendormir. Il est encore tôt pour un samedi. Le réveil indique 6h21. 

7h03, je fais l’inventaire de mes rêves. Je prends des notes. Je me lève et j’ouvre les fenêtres en grand. J’apprécie la fraîcheur d’un matin de printemps. Je mets le café en route et je m’installe dans le canapé. J’entends les chats qui se bagarrent dans le jardin. Et à nouveau, le silence qui s’étale. Seul le bruit des pages que je tourne vient le briser un court instant.

Je sors de la maison. Je ne sais pas où je vais, mais j’y vais. Résolue. Déterminée.

Le vent et moi nous engouffrons dans la rue. Les branches des arbres frémissent. Je monte dans le tram et je m’assois près de la fenêtre. Je regarde au dehors et je vois les gens qui s’amassent près du kiosque. Un café à emporter, le deuxième de la journée. Long, sans sucre s’il vous plaît.

La fumée danse

Couleur profonde

Noir intense.

Les pensées s’entrechoquent

Dans ma tête

Puis s’évanouissent.

Le tram redémarre. J’y vois plus clair. Tout finalement passe, s’éloigne ou change. Mais une chose ne s’en va pas : notre recherche incessante de petits plaisirs quotidiens.


Annabelle



Dans la vie, beaucoup de choses s’en vont. Elles se transforment, elles passent.

La crampe de mollet comme l’odeur des muguets, la fulgurance de cette idée brillante qui explose en feux d’artifice, Eureka !

La connivence de ton clin d’œil, comme la fureur de ma colère.

Une pensée, un frisson, un fou rire, tout s’évapore emporté par ce train qui passe.

Aujourd’hui 26 mars 2022, jour d’atelier d’écriture. 

Alors que je suis réveillée, je choisis l’instant précis où j’ouvre les yeux vers cette nouvelle journée de ma vie. Je savoure la première étincelle de lumière qui me reconnecte au monde.

Je m’approche de ma fille qui dort, je la couvre de petits baisers sur le haut de son front. J’embrasse ses petits cheveux doux, vestige de son duvet de bébé, qui persiste encore malgré l’adolescence.

Devant le miroir, il me reste encore à donner un sens… à mes cheveux.

Bonhomme vert, piéton passe. Feu rouge, voiture stoppe, chacun son tour.

Grues s’élevant dans le ciel, les échafaudages suivent, la nature étouffe.

Je respire, les grattes ciel s’éloignent. Oui les arbres, oui l’eau. Encore des travaux !

Pissenlits en fleurs : miel pour le pauvre, feuilles pour le lapin.

Chien noir, chien blanc, les mêmes dents.

Tout finalement passe, s’éloigne ou change mais une seule chose ne s’en va pas, mon amour inconditionnel pour mes enfants.


Brigitte



Dans la vie, beaucoup de choses s’en vont. Elles se transforment, elles passent : un frisson, un éclat de rire, un robinet qui goutte, un chat qui miaule, une rose qui éclot.


Et aujourd’hui, 26 mars 2022 à 7h10, alors que je savoure une nuit plus longue qu’à l’accoutumée, un petit « Ding » sur mon téléphone portable me signale la réception d’un message. Je sursaute et m’arrache à mon abandon nocturne, irritée par cette intrusion inopinée. A travers les volets fermés perce la lumière d’un soleil éclatant. Mon agacement se mue alors en promesse joyeuse. Finie la grisaille, ce rayonnement présage le retour des fleurs dans les jardins, des tapis verdoyants sur les pelouses et des jeux d’enfants dans les squares. Dans la cuisine, j’entends le bruit du café qui coule et son arôme léger, flatte mes papilles. Difficile de résister à cet appel ! Je me détache alors de la douce moiteur matinale, impatiente de répondre à l’invitation de cette journée printanière.


Soleil, lumière, caresse des rayons sur mon visage

Sourire radieux de jeunes filles tirant leurs bagages

Et toi, l’aveugle, qui de ta canne te fraye un passage

Le printemps pour toi, quel est son message ?


Le chant d’un oiseau perce le silence

S’enroule autour des troncs d’arbres dénudés

Est ce lui qui agite les feuilles naissantes

Et fait éclore les fleurs juvéniles ?


Est ce lui qui fait frissonner mon corps

Dans la brise légère de la fraîcheur matinale

Qui illumine le regard de la vieille femme voûtée

Et amplifie la célébration de ce retour à la vie ?


Place Broglie 

Une affiche m’accueille avec un slogan :

L’échappée Belle !


Tout finalement passe, s’éloigne ou change. Mais une seule chose ne s’en va pas : 

la succession des nuits et des jours, du temps et des saisons, de l’ombre et de la lumière.


Évelyne



Éphémère 


Dans la vie, beaucoup de choses s’en vont…Elles se transforment, elles passent : un vol d’hirondelles dans le ciel du printemps, un bruit étrange la nuit sur le balcon, celui du vent dans la mansarde, le silence avant l’orage, le voluptueux bâillement du chat, tourner la page, commencer un nouveau  livre…

Aujourd’hui, 26 mars 2022, le chat s’est levé en même temps que moi. Un pull enfilé à la hâte. La bouilloire réchauffe un peu  l’air frais. Quelque chose casse…C’était fragile…Un mot écrit pour celui que je ne vois jamais et qui m’ignore…Des voix venues d’ailleurs : grand voyage dans un petit…

Tout, finalement passe, s’éloigne ou change. Mais une seule chose ne s’en va pas : l’affection parfois douloureuse, indicible, inconditionnelle que j’éprouve pour mes enfants…


Marie-Christine


Dans la vie beaucoup de choses s’en vont. Elles se transforment, elle passent. La colère, le magnolia fleuri, la bonne humeur et la mauvaise, une note de musique perdue, un bruit isolé dans la nuit, un souvenir, un rêve, la mémoire, une démangeaison, notre image dans le miroir…

Aujourd’hui, 26 mars 2022, jour de la Sainte Larissa une erreur de mémoire. A 9h00 porte fermée. Ouvrira à 10h00. Alors mars froid ensoleillé, deviendra chaud. Je serai trop habillée plus tard. Marche vers une boulangerie encore et encore. Pain au levain. File d’attente. Le temps coule, dépité d’être perdu ou détendu d’être samedi matin. Qui sait ?

Tout finalement passe, s’éloigne ou change. Mais une seule chose ne s’en va pas : c’est le hasard, maître d’un jeu dont les règles ne sont pas connues.


Casta Diva


Le printemps éphémère


Dans la vie beaucoup de choses s’en vont. Elles se transforment, elles passent.

Les saisons changent au fil du temps, la neige arrive, s’installe et repart sans un bruit, sans se faire remarquer, aussi vite qu’elle est arrivée.

L’odeur des fleurs embaume l’air avant d’être emportée par le vent.

Le silence s’installe, timide, incertain, fragile et se brise si facilement.

La vague nait de l’océan et meurt sur la plage de galets, le souvenir ressurgit et s’accroche à notre mémoire pour ne pas retomber dans l’oubli.

Aujourd’hui 26 mars 2022 le réveil sonne, l’odeur du pain grillé embaume la pièce, je mets mes chaussures et je noues mes lacets.

J’achète des fleurs, je prends le TRAM.

Grand virage du TRAM, quelqu’un regarde les jardins

Deux personnes discutent, une troisième hèle le bus

Les voitures s’arrêtent au feu, les gens descendent par deux.

Un chien blanc se lève

Un chien noir se couche

Deux contraires, deux frères

Tout finalement passe, s’éloigne ou change,

Mais une seule chose ne change pas

L’amour que j’ai pour toi, maman. 


Élise (15 ans)

photo 2

Assise dans le tram

J’ai très envie de rire

Avec mon cahier et mon crayon

Le campus fleurit sur ma droite

Je souris des souvenirs

Arrêt Université


Myriam


Soleil, lumière, caresse des rayons sur mon visage

Sourire radieux de jeunes filles tirant leurs bagages

Et toi, l’aveugle, qui de ta canne te fraye un passage

Le printemps pour toi, quel est son message ?


Évelyne


T-Shirt blanc, parle en regardant son téléphone

T-shirt noir, écoute de la musique en regardant son téléphone

Lunettes noires, tient son téléphone

Contre l’accordéon, elle regarde le paysage pendant que son téléphone la regarde


Beevy


Grand virage du TRAM, quelqu’un regarde les jardins

Deux personnes discutent, une troisième hèle le bus

Les voitures s’arrêtent au feu, les gens descendent par deux.


Élise

Tram-Poèmes

Ces tram-poèmes ont été écrits dans le tramway de Strasbourg sur le temps d’atelier. A la manière des poèmes de métro de Jacques Jouet, chaque participant avait pour consigne d’écrire un poème entre deux stations, à l’arrêt, et uniquement durant le temps d’arrêt du tram.

métro-poèmes

Haïkus

Ces haïkus, en trois vers, ont été écrits à partir des tram-poèmes.


Des liens invisibles 

Traversent l’espace

Tout autour de nous


Myriam


Mouvement de tête

Vibration du corps bercé

Destin clignotant


Andréas


Quel est le visage du printemps

Pour toi l’aveugle 

Qui à tâtons cherche à te frayer un passage ?


Évelyne


Un chien blanc se lève

Un chien noir se couche

Deux contraires, deux frères


Élise (15 ans)


Dehors une bagarre

La mère dit ça suffit

Faubourg national ça fait mal


Beevy





Laisser aller

Laisser voyager

Sautiller dans ce bleu


Myriam



Des voix étranges

Ça rigole ça tape des mains

Une lumière triomphant


Andréas


Bourgeons exploseront

A la station annoncée

Mémoire qui flanche au tournant


Casta Diva


Ces personnes âgées

Sur leurs épaules

La tristesse


Myriam


Nouveau-né deviendra vieux

A l’ arrêt Université

Où il soutiendra sa thèse


Casta Diva


Regard d’un garçon

La clochette du tram en face

Une chose habituelle


Andréas


Chien noir, 

Chien blanc, 

Les mêmes dents.


Brigitte


Je ris et j’écris

Elle se maquille

Ses bras tatoués


Myriam


La tête penchée subitement

La main réarrange les cheveux

pendant que

Le trou du collant s’agrandit.


Clémentine


Station République



On enlèvera les échafaudages

Ce sera portes ouvertes

Sur une fugace beauté 


Casta Diva


Captifs, les perces-neige 

Se moquent du blanc manteau

Et dans leur élan volent vers le soleil naissant


Évelyne


Pissenlits en fleurs :

Miel pour le pauvre,

Feuilles pour le lapin


Brigitte


L’ombre du vélo

se déplace mal

Un tour de roue est vite passé.


Clémentine


Mesdames Messieurs

Tout conduit à nous choisir

La CTS vous remercie pour votre cynisme


Beevy