Sans l’ombre d’un doute, je suis

Les formes changeantes des nuages

Le bruissement des feuilles d’automne écrasées sous les pas

L’eau fraîche sur un front fiévreux

La montagne poudrée de neige

L’effort pour la gravir


Sans l’ombre d’un doute, je suis

Les flaques d’eau-miroirs

Le rythme de la marche, sa mécanique

Le nez en l’air

Le regard levé vers les loupiotes du ciel

Mais où est l’étoile du Berger ?


Sans l’ombre d’un doute, je suis

Le jardin-fouillis où poussent mêlés carottes et pissenlits

Le chemin que je perds et qui m’éloigne de la mer

L’idée noyée dans la tasse de thé

La recette ratée, trop sucrée, trop pimentée


Sans l’ombre d’un doute, je suis

Une respiration, une suffocation

Un clin d’œil

Un sourire en coin, un rire fou

Les mains dans des poches crevées


Sans l’ombre d’un doute, je suis

L’intranquillité

Une parole peu audible

Un écrit confus

Le rouge aux joues

La tentation de la fuite

L’âpreté du pardon

Une hésitation


Sans l’ombre d’un doute, je suis

Des pleurs sans raison

Une colère sans objet

La joie des petits riens

Un cœur sensible et enfantin

La bienveillance et la constance


Méli-mélo, je suis, sans repos, je suis mais sans l’ombre d’un doute, je suis…

Marie-Christine

Je suis

Celui qui suivait son chemin

Dans les yeux bleus de sa mère

Parfois ouverts souvent éteints

Dans l’ombre et la lumière

Je suis Gilles


Je suis

Celui qui a quatre fois dix-sept ans

N’est toujours pas sérieux

S’en va récitant les poètes de sept ans 

Avant de n’être plus que l’ombre de soi-même

Je suis Gilles


Je suis 

Celui qui aima Ferré et Rezvani pour elle

Du temps où elle était ma vie

Je me dois encore d’être en vie

Sans l’ombre d’un doute, sans elle

Je suis Gilles


Je suis

Celui qui montera le Fuji et l’Himalaya

Je marcherai toujours

J’avancerai tant que tu m’aimeras

Toujours à l’ombre de ton amour

Je suis Gilles


Je suis

Le monde ouvrier oublié

Héritier de la misère sociale

De vies meurtries infernales

Je suis l’ombre de la révolte

Je suis Gilles


Je suis le vol des corbeaux de mon aïeul

La misère niée la colère à fleur de peau

Et tes baisers au goût de miel

Ma haine n’est plus qu’une ombre dans tes yeux

Je suis Gilles


Je suis

Je suis la paix retrouvée

La paix des chiens

Quand les colliers tombés enfin

Je m’endors à tes côtés

Je suis Gilles

Je suis la femme

Libérée, enlacée et aimée

Chaque jour je respire l’air pur des hautes cimes 

Au cœur de la vallée l’eau poursuit son ouvrage

En devenant un fleuve, là,  au bout de mon âge


Je suis la mère

Attentive, bienveillante, la  louve protectrice.

J’aime à te découvrir, j’aime à me reconnaître :

Dans tes gestes ma fille,  résonne un peu de moi,

Dans tes mots mon fils, j’entends aussi ma voix.


Je suis l’épouse

Je me dois d’entendre tes silences et tes plaintes

Et de les accueillir en toute humilité

De veiller sur ton corps, ton cœur et ton esprit

Prendre soin de tes rêves de tes cauchemars aussi.


Je suis une ombre

Tu m’as  laissée devenir l’ombre de ta main même l’ombre de ton chien

Dans l’ombre et la lumière nous nous sommes aimés

Depuis, je trace à tes côtés nos ombres colorées, 

Nos ombres embrassées sur la terre exposées


Je suis une idée

Aux rives de l’instinct je ferme un peu les yeux

J’écoute et je ressens en moi  battre le monde

Je transforme et je créé changeant de point de mire

Je vire vers un pays où les rêves respirent


Je suis un chemin

Ton pas contre mon pas, rythme la marche de nos cœurs

Je pars, je vole, je t’aime, mon âme déambule

Je crois donc je chante, gravissant  les montagnes,

J’explore les sentiers où mon cœur ivre flâne


Je suis : Musique

Je m’aime donc je suis, il faut un temps pour tout

Il est 22h30,  les notes se fréquentent et finissent par s’unir

Elles rencontrent mes mots et s’accouplent encore

Aux plus belles  chansons, elles donnent naissance alors.


Je suis : Vent

J’ai déjoué les écueils en glissant sur les vagues

M’abandonnant souvent  aux rives de ton corps 

J’ai flirté dans les feuilles des chênes centenaires

M’assoupissant parfois au cœur d’une clairière


Je suis : Poésie

J’ai pris le temps de vivre, d’être libre mon amour…

Toujours je chérirai la mer, la mer est mon miroir

Je vis avec la rime,  je rime avec la vie, 

J’ai puisé à l’encre de tes yeux tous mes récits.


Je suis comme je suis

Je ne m’échappe pas, je reste à mes côtés.

Je m’arrête et m’écoute, J’ai mille fois changé,

J’ai mille fois perdu et mille fois gagné,

J’ai mille fois souri et mille fois pleuré.


Je suis : femme, mère, épouse, ombre, idée, chemin, musique, vent, poésie

Je suis moi toute entière et enfin réunie


Je suis Brigitte

IMG_E3065
IMG_E3062
IMG_E3057
IMG_E3067