Ça passe si vite ! Je me vexe un peu chaque année. Mais chaque année souris. Je le charrie plutôt et ensemble nous en rigolons. Je suis sensible et émotive. Une vague qui ressent les mouvements du vent.

A 16 ans, je l’interroge sur la misère du monde, la recette pour faire les bons choix, faire durer l’Amour…Il écoute, attentif, solide, élancé, tel le mât d’un voilier.

A 18 ans, je reviens d’un séjour en colo où j’ai été adulte, grande, responsable. C’est lui qui me cherche à la gare et, une fois installés dans sa voiture de service, éclate en sanglots en m’annonçant la mort de son père… L’image du voilier : il est parti.

A 32 ans, nous le retrouvons par surprise pour fêter de son départ à la retraite. Sur son carton d’invitation, il a choisi une photo de lui et mon jeune fils de deux ans. Ils se regardent et rient ensemble.

Et cette photo-ci, c’est ma photo. Est-ce qu’elle résume ce que je suis profondément ?

C’est bien moi, un cliché pris sous mon meilleur jour : sportive, souriante, ensoleillée, fière d’avoir franchi ce col à vélo ! Moi, avec les mêmes rides que lui sur mon front…

EvaNaissance