Pas le moindre cri
May Dodd s’était toujours destinée au chant. À l’âge de 8 ans, elle affirmait avec une certitude déroutante qu’elle deviendrait cantatrice. Ou chanteuse de rock. Ou soprano à l’opéra de Vienne. En attendant, elle chantait tous les dimanches à l’église de Santa Clara, une petite bourgade du nord de l’Italie. Ce n’était pas encore l’opéra de Vienne mais le plaisir qu’elle lisait dans le regard brillant des villageois la comblait. Et puis, il y avait tous ces petits gestes après la messe. « Bravo May, tu m’as encore fait pleurer » lui glissait Madame Pelligrini en lui caressant tendrement la joue. Pape Alberto ne disait rien mais le sourire qu’il échangeait avec May révélait tout de son émotion. Tous ces gestes, tous ces mots, tous ces regards la confortaient dans cette voie qui s’était imposée à elle. Chanter était son destin, voilà tout. C’était une évidence, un fait. Jusqu’à ce jour de 1984. C’était le jour de Sainte Claire, qu’on célébrait d’abord à l’église avant de faire la procession dans tout le village. May venait d’avoir 14 ans et sa voix s’était affirmée. Tout le monde attendait ce moment avec joie. L’église était pleine. Jusqu’aux marches de la paroisse, ses pas étaient guidés non pas par la peur mais par la fierté. La fierté d’emplir d’ici peu ce lieu de ses notes pleines et légères devant une assemblée émerveillée. C’est à ce moment-là que la voiture blanche arriva. Comme un éclair, une explosion, un choc. May ne l’avait pas vue arriver. Elle n’avait pas eu le temps de pousser le moindre cri.
Nulle certitude
Nulle certitude : Denise ne croyait plus en rien. Son incrédulité était devenue sa carapace, son bouclier, ce qui lui permettait de se lever le matin et d’ouvrir son bureau de tabac aux premiers clients, sur le vieux port de Marseille. Ne pas croire ce que les passants lui racontent – presque un pléonasme vu l’endroit où est situé son commerce, ne pas se poser de question, ne pas poser de question, juste sourire, de manière franche, vendre ses jeux à gratter et ses cigarettes, parfois des chewing-gums. Denise ne croyait plus, c’était comme un espace vide dans son cœur, une place béante. Qu’on ne lui parle plus de Dieu, des hommes, du passé, de l’avenir, on lui en avait trop dit, on lui avait appris à croire mais, désormais, c’était fini. Insidieusement, elle s’était reconstruite autour de ce trou noir sidérant : Denise ne pouvait plus croire depuis ce jour où il était parti. Elle ne pouvait pas croire qu’il était parti, tout simplement. Comme dans une mauvaise série de France 2, il avait laissé un mot sur le meuble de l’entrée et il n’était pas revenu. Il avait été sa certitude, sa terre, à elle qui œuvrait sur le port. Ne restait que du doute et du vide.
La rencontre
Il était là, assis face à la mer, le regard plein, les mains vides tournées vers le ciel, comme s’’il attendait une bénédiction. Carrie n’osa pas le déranger. Après quelque hésitation, elle s’assit sur le banc. Après tout, c’était son banc. Le seul endroit au monde où elle se sentait à sa place. Elle n’allait tout de même pas y renoncer.
Il lui donna l’impression de ne pas constater sa présence. Ses cheveux grisonnants et sa coupe défaite par le vent apportait un peu de fantaisie à cet homme du monde. Mais que venait-il faire ici ? Il se tourna vers elle, lui sourit, comme s’il avait entendu sa question. « Jacques » dit-il, « Je m’appelle Jacques ».
L’appel
Depuis quelques jours déjà la chaleur avait envahi les appartements et les fenêtres de Jacques étaient ouvertes sur la ville.
Affalé sur son canapé, son slip Kangourou légèrement usé, au tissu distendu, laissant dépasser quelques poils un peu longs, Jacques se grattait les couilles en sirotant une bière.
Il ne s’était pas lavé aujourd’hui et c’était pour lui une victoire sur les conventions auxquelles il était astreint tous les jours au tribunal.
Il adorait cette transgression, celle qui consiste à mal se tenir dans son intimité, ne pas se raser, mettre des vieux vêtements informes et décolorés, fumer des clopes et les écraser dans des cendriers débordant de mégots, boire des bières bon marché, même pas des 1664. Non. Celles achetées au LIDL et qui lui donnaient l’illusion de comprendre un peu mieux les justiciables qui défilaient dans son bureau.
Un rot tonitruant retentit dans le calme de l’appartement seulement pollué par le bruit de fond de la télé.
Ah que c’était bon ce lâcher-prise, qu’est-ce que cela lui faisait du bien de ne plus retenir ni les bruits, ni les odeurs, ni les mots orduriers qu’il censurait jour après jour pour tenir sa fonction.
Heureusement que personne ne venait jamais chez lui, qu’il n’invitait plus personne depuis longtemps; la poussière envahissait peu à peu ses meubles, les recoins de l’appartement et tout le désordre accumulé.
Jacques commençait à somnoler, légèrement ivre et épuisé par sa semaine de travail.
Dans son demi-sommeil il crut entendre une sonnerie.
[Dring, dring …]
C’était bien le téléphone qui sonnait.
Il reconnut de suite le numéro.
Pas le choix, il fallait décrocher, il fallait répondre et certainement il faudrait y aller.
Pénélope
Je serai apaisée si cette fenêtre avait des barreaux. Comme autant de piliers protecteurs à mon lit immense aux pieds desquels je pourrais me grandir, me hisser pour apercevoir le monde aux confins de l’attente.
Mais cette fenêtre arbore une croix de bois vermoulue, sur laquelle des termites ont peut-être écrit mon nom, elles ont rongé de cadre de sécurité et rendent ainsi l’effraction et la chute possible.
Je peux lire avec vides et pleins leur invitation à sortir du repli, à sauter pour fuir avant que ce ne soit moi qu’elles rongent.
Confinés pour nous protéger ?
Moi qui ai habituellement une noire terreur de sortir de chez moi, je n’ai maintenant plus qu’une seule pulsion : être mobile. M’exposer aux attaques virales serait plus doux que cet enfermement asphyxié. Les murs observent mes pensées et me jugent. Cette croix d’ombre m’a tourné autour au fil de la journée, suivie de son cortège de dentelles miteuses à pattes crochues. Je suis cernée.
C’est l’heure
Pénélope, c’est l’heure !
Ce chant litanique de l’infirmier un jour résonnera comme le premier cri, celui de ma naissance, enfin.
Pénélope, c’est l’heure !
Cet ancien combat quotidien contre mes rêves confortables et puissants. Comment trouver une once d’élan pour rejoindre la chaîne d’assemblage des boulons et des vis de pièces insignifiantes ?
Pénélope c’est l’heure !
Je sens ce goût amer et chimique se répandre sur mes papilles brûlées par la soupe trop chaude… Brûlée par la hâte de quitter le réfectoire où règne la solitude comme un tyran invincible.
Pénélope, c’est l’heure !
Ce jour là je laisserai ces étrangers à leur destin, je saisirai ma carte IGN, celle où j’ai tracé le passage sud, au départ de l’Italie.
Derrière moi les pertes, les traumas, l’enfermement, l’exclusion, l’étrangeté de mon propre cœur.
Devant, mes pas légers de mille désirs, me mèneront là où est ma place : au sommet du Mont Blanc.
Ma Pénélope
Ma Pénélope, ma douce, ma blanche oubliée, te voici allongée là, endormie enfin. Tu ne m'as pas reconnu tout à l'heure quand je suis entré, tu m'as regardé avec dans les yeux un vague éclair de surprise, où j'ai cru voir aussi, si fugace, un peu de plaisir avant qu'il ne s'éteigne presque aussitôt. Et puis tu es retombée dans ton état de rêverie habituel, longtemps. Je savais qu'il était inutile de te parler, que de là où tu étais partie, tu ne m'entendrais pas. Alors je t'ai regardée, j'ai caressé ton bras d'où saillait ta perfusion, et j'ai attendu que tes yeux se ferment. Comme ça, tu me semblais plus proche. Attentive. Et c'est alors que j'ai osé enfin te parler de ces billets de train que j'avais réservés le mois dernier, Rennes-Chamonix via Paris avec correspondance à Grenoble, de ce guide qui nous attendrait pour nous mener à bon port tout là-haut, de cette ascension prévue en trois jours si la météo nous était favorable. Cette ascension par la voie classique, la plus difficile, parce que moins encombrée, parce que plus belle, parce que plus vraie. Je t'ai parlé de cet argent économisé en cachette depuis l'an dernier pour que je puisse enfin t'aider à réaliser ce rêve qui te tient depuis que je te connais. Je t'ai parlé aussi de cette promesse folle que je m'étais faite de partager cela avec toi, et d'être celui qui te permettrait de toucher le ciel. Mais je ne t'ai pas parlé du médecin croisé dans le couloir avant que je n'entre dans ta chambre, de son regard un peu gêné et fuyant, et de ses mots d'excuses. Il est des choses, ma blanche oubliée, que je ne pourrai jamais te dire.
Mais tu ouvres les yeux. Tu me regardes. Tu sais.
Dans la nuit
Le soleil est venu se coucher à tes pieds comme un chien fatigué.
Assise dans le vieux fauteuil, tu le regardes embraser, dans sa toute-puissance bientôt déchue, le jardin dans une dernière fulgurance.
Tu ne bouges pas. Ton immobilité a ce soir une grâce hiératique.
Pourtant je sais que tu te retiens. Tu y es presque. La peur des mortes saisons a disparu.
Le soleil s'éteint doucement. L'obscurité a gagné ton fauteuil.
Voilà, c'est l'heure.
Tu te lèves, tu ouvres tes ailes, tu te mets à danser sans bruit, sur les cailloux de la cour encore un peu tièdes.
Chorégraphie silencieuse et discrète.
Mon aimée dansante dans la nuit qui commence.
Là
Là
Tout s’est tu
L’obscurité se prostitue
Elle brode des entraves
A mes cascades
Contrôlées
Elle sculpte
Une couvrante sépulture
A mes attentes figées
Elle comprime élégamment
Ces prières pleines de feu
En des miroirs
Brisés
L’obscurité est enceinte
d’une pirouette
Aux ailes toutes chiffonnées
Qu’elle dissèque
Discrète
Sous le regard
Paternel en diagonale
D’un renard égaré
Je t’attends
Je t’attends
Mais j’ai beau tendre les bras,
La valse du quotidien, inexorablement,
M’oppose ses entraves.
Moi qui me pensait sans limites, puissant,
Me voilà privé de lumière.
Le miracle n’a pas eu lieu.
Me voilà revenu à la ligne de départ.
Mon chagrin se déverse en moi,
Comme la lave.
Dis ce choc, cet étourdissement,
Et dans la fulgurance d’un éclair,
Je t’i vue, belle comme jamais.
Je n’ai plus peur de ton fantôme.
Je ne veux plus me défendre
Face à celle qui me visite sans un bruit.
Je veux improviser ma vie chaque jour
A tes côtés, ne plus t’abandonner,
Revêtir ton parfum comme une seconde peau,
Pour ne plus jamais oublier l’empreinte
De tes mains sur mon corps.
Marwan, cher Marwan,
Tu as vécu en moi tout ce temps, et aujourd'hui je voudrais te dire, alors que le temps est venu de te dire au revoir, qu'au tout début je ne croyais pas en toi. Je ne croyais pas une minute que tu allais prendre forme et exister, personnage bâti de bric et de broc au hasard de trois quatrièmes de couverture, dans lesquelles j'avais pioché ton nom, ton métier, ta situation de famille, ton lieu de vie et même ton état d'esprit. Marwan, manutentionnaire dans une usine de chocolats, jeune veuf, demeurant quelque part en Bretagne et, ce jour où j'avais commencé ton histoire, étrangement heureux. Et puis j'ai déroulé la suite, t'ai inventé une vie, t'ai fait rencontrer des gens, dont Pénélope, étrange et fascinante Pénélope que tu as aimée tant que tu en aurais grimpé le Mont-Blanc à genoux. Tu t'es mis à grandir, Marwan, à prendre de l'épaisseur, du caractère, à de venir vrai. Vivant. Au point d'en faire à ta guise. Tu t'es assis au chevet de Pénélope, tu l'as regardée danser au fond de sa folie. Plus tard, j'ai raconté votre rencontre dans une nouvelle écrite au cours du confinement, durant lequel tu livrais des médicaments pour une association. Tu as fait du cheval avec Jacques et Carrie, manquant chuter à maintes reprises. Dernièrement, tu as pris quelques vacances.
Je te convoque à nouveau ce soir, Marwan, et me rends compte que le moment n'est pas venu des adieux. Je ne peux ni ne veux te dire au revoir. Ce serait trop triste, comme de te faire mourir. Est-ce cela que ressent un écrivain, quand il a achevé la rédaction de son roman ? Peut-être est-ce pour cela qu'on écrit des tomes 2 ou des aventures en épisodes. Pour ce qui te concerne, je crois que tu vas habiter d'autres textes à venir, je te connais assez bien maintenant pour savoir que nous avons encore beaucoup à faire ensemble, et me réjouis à l'avance des aventures que nous allons partager.
A très bientôt, chez Marwan.
Emmanuelle Bastien
Pénélope,
Tu as vécu en moi tout ce temps et aujourd’hui je voudrais te dire combien j’ai aimé explorer avec toi les recoins ombragés de ton être, combien tu me bouscules aussi dans mes moindres recoins.
Je te reconnais.
Tu me reconnectes.
Ta noirceur je la connais, même si aujourd’hui je lui trouve d’autres teintes et de lumineux reflets.
J’aimerais que l’encre demain, dans sa fluide et noire évidence, t’offre un élan, un rêve, ou juste un escabeau à la vie. Vie dont la réalité compte moins que l’accomplissement dont chacun pourrait se nourrir. Cette vie-là, la tienne, où une terrible et insensée cruauté règne et nous effraie tous, mais où chacun a envie d’ouvrir une fenêtre pour t’aider à respirer.
Pénélope, respire maintenant, respirons ensemble. Et laisse les cannes de mes lettres te soutenir et s’occuper du reste.
Pascale Wehr-Stoll
May,
Tu as vécu en moi tout ce temps et aujourd’hui je voudrais te dire combien tes aventures m’ont portée. Tu ne m’étais pas sympathique au début : trop sage, trop propre sur toi, trop pathos. Et pour cause : tu sortais d’un roman qui n’était pas le mien. Et puis, je t’ai emportée sur la vague de mon imagination. Je te le concède, elle n’est pas toujours éclairante. Je fais de mon mieux mais écrivain, ça ne s’improvise pas. Ça se découvre, ça s’invente, ça se travaille. Et ma foi, en attendant de mettre un point final à un manuscrit enfin abouti, toi, May, tu m’as fait bien rire. Ingénieux le coup du sac en lieu et place de meetic pour Denise et le juge. C’était bien vu ! Je le sais bien, moi : j’habite en-dessous de leur appartement et mes nuits sont souvent raccourcies par leurs…discussions amoureuses. Sacré cachotier que ce Jacques ! Belle ingénue que cette Denise, amoureuse à tout jamais, de Jacques d’abord, mais aussi de tous ces livres que grâce à elle j’ai découverts. Belle victoire aussi pour toi May qui as suivi une voie que même moi, ta narratrice, je n’avais pas projeté. Alors comment finir ? De la manière la plus simple, la plus évidente qui soit : bon vent à toi May, bon vent à tous, Jacques, Denise et les autres ! Votre voie est toute tracée mais la mienne l’est aussi. Alors la conclusion s’impose : à bientôt !
Sylvie Meyer
Jacques,
Tu as vécu en moi tout ce temps et je voudrais te dire que j’ai aimé ta lente transformation. Certes le confinement a peut-être accéléré le mouvement intérieur qui était déjà à l’œuvre mais je ne crois pas que nous partons d’une page vierge. Tu avais déjà en toi cette dose d’humanité et de trivialité que tu cachais sous ton costume de juge, sous ton regard sérieux, sous tes émotions sous contrôle.
A te regarder je savais que tu cachais un secret douloureux, une expérience de vie qui avait laissé des traces mais que tu avais su la domestiquer et la reléguer tout au fond de ton cœur, tout au fond de ta vie.
Par contre, tu n’avais pas conscience que la vie se niche là où elle peut, là où on ne peut pas la déloger.
Tes yeux te trahissaient et laissent voir ce qui te faisait homme, un homme blessé, meurtri, abandonné par l’amour et ne désirant plus vivre, mais seulement fonctionner.
Alors oui, la robe du juge est bien commode et tu as cru qu’elle pouvait à elle toute seule abriter tes larmes, ton désespoir et tes deuils.
C’était sans compter le temps suspendu du confinement, la vie arrêtée dans nos appartements et toi, plutôt que de faire du pain, du macramé et des sudokus, tu as sorti des bières, tu ne t’es plus lavé et tu as maté des conneries à la télé.
A l’image du noyé qui doit toucher le fond et donner le petit coup de talon qui le ramène à la surface, ta déchéance physique et mentale, telle une décharge électrique, t’a réveillé et tu t’es redressé, en remodelant les contours de ton être qui étaient devenus flous, inconsistants et par endroits tellement rigides que ceux qui osaient t’approcher s’y blessaient les mains.
Ta démarche est encore hésitante, comme un accidenté qui réapprend à marcher mais tu n’as déjà plus besoin de canne et, un pas devant l’autre tu vas au-devant de ta vie qui, telle une page blanche est en train de s’écrire.
Françoise Boucard
Denise,
Tu as vécu en moi tout ce temps, et aujourd’hui je voudrais te dire… que tu devrais vendre ton bureau de tabac. Après toutes ces années et ce virus qui t’a aspiré tes forces, prends la route Denise, va faire du cheval chez Carrie, accepte ce café que te propose Jacques, festoie avec May Dodd, aborde ton voisin Marwan et fais-la, cette ascension du Mont Blanc avec Pénélope… Il sera toujours temps de chantonner les airs de radio Nostalgie, vis Denise, ne remets plus à demain ce que ton débit de tabac t’empêchait de faire.
Il est temps d’y croire à nouveau et de se cogner un peu au réel, à la vie : écris, chante et voyage, récupère ton vélo chez le réparateur et reviens me raconter tes aventures quand tu repasses par la rue Sellenick…
Isabelle Hoff
Carrie,
Tu as vécu en moi tout ce temps et aujourd’hui je voudrais te dire à quel point j’ai aimé te rencontrer, te connaître et te faire exister.
A l’origine, tu étais l’héroïne d’un roman fantastique qui m’a fait plonger, adolescente, dans la lecture.
Et puis un jour, grâce à un atelier d’écriture, tu es devenue quelqu’un d’autre. Une héroïne à part entière. Mon héroïne.
Seule, fragile et déterminée, tu étais en lutte. A la recherche de toi-même. De ta juste place. Comme toi, j’ai fait l’épreuve du deuil, de la perte, de tous ces renoncements dont on dit qu’ils permettent d’avancer. Mais toi et moi Carrie savons qu’il n’en est rien. On n'en crève pas, c’est tout.
Et puis un jour, il y a eu Jacques, Denise, May et ce Marwan fou d’amour pour Pénélope.
Grâce à leurs récits, tu as enfin pu te rencontrer. Renouer et te réconcilier.
Carrie, je te souhaite de trouver ta place dans ce monde, ailleurs que sur un simple banc face à la mer. Puisse la vie t’offrir des milliers de bancs sur lesquels tu pourras enlacer, rire, te lever, crier haut et fort ta vérité.
A présent, je te vois debout. Il est temps pour moi de te quitter.
Beevy Jalma
La dernière séance du cycle était consacrée aux « adieux » entre l’auteur(e) et son personnage :